La Nouvelle Onde était aux BIS 2020 de Nantes !
Pendant deux jours, nous avons partagé un stand avec la structure de Sarah Battegay, Coin Coin, la maison artistique et culturelle à trois entrées : Formassimo, Antiquarks et le label du Coin. Le stand a été aménagé aux couleurs de La Nouvelle Onde avec tous les portraits des talents présent.e.s pendant ce salon, et a accueilli plusieurs apéros au cours des deux jours. Ce point de ralliement a aussi permis aux talents présent.e.s de profiter d’un espace de rencontres dédié, et de donner de la visibilité à l’initiative.
Lucie Bouchet, #30demoinsde30 2018 et programmatrice de l’Espace DD aux BIS de Nantes, nous a aussi offert l’opportunité d’organiser la table ronde « Partager et transmettre entre générations de pros de la musique : l’exemple de La Nouvelle Onde », avec en guest stars, Sarah Battegay, et Adrien Sanchez Infante, respectivement mentore et lauréat « Je Choisis Tout » 2018.
Animée par la coordinatrice de La Nouvelle Onde, Clara Pillet, cet échange fut l’occasion de présenter notre dispositif d’accompagnement et de parler de transmission et de carrière durable dans la filière musique.
« La question de la transmission est centrale, comme moyen de mettre en place une carrière durable, même si elle n’a pas forcément été réfléchie dans l’industrie musicale, où l’on est soit trop jeune, soit trop vieux. La fameuse théorie du sandwich ! », a introduit Clara Pillet. De ce postulat, comment identifier et accompagner la relève de la filière musique ? Comment se donner tous les moyens pour faire une carrière durable dans le milieu lorsqu’on a moins de trente ans ?

Pour définir la transmission, Sarah Battegay a choisi trois mots :
- « échange : cette expérience de mentorat avec Adrien et Ouafa m’a aussi beaucoup apporté ! ; »
- « challenge : les talents LNO abordent l’industrie musicale sans la partie historique. Quelque part, pour eux/elles, la mutation de la filière n’existe pas, ils/elles sont natif.ve.s d’un marché du disque quasi inexistant avec des revenus du digital exclusifs et en progression. Comprendre l’histoire de son secteur est pertinent et permet d’avoir une vision complémentaire, mais leur regard est hyper ouvert, et leurs pratiques et modèles économiques différents et intéressant à voir. »
- Et « bonheur : parce que c’était génial cette expérience ! »
Adrien Sanchez Infante a quant à lui choisi :
- « envie : il faut que tous les acteurs soient dans cette envie de se rencontrer et de partager, au-delà de La Nouvelle Onde, pour être plus soudés et plus forts ensemble. » ;
- « respect ; en prenant en compte les différences de parcours et d’âge, il faut savoir tempérer, écouter et confronter les avis dans le respect, ce qui donne des échanges très riches ! » ;
- « humilité : il faut pouvoir être capable d’échanger sur nos parcours et nos pratiques, ce qui marche et qui fonctionne moins bien, d’égal à égal. »
La Nouvelle Onde prend le contrepied des clichés sur « les vieux » ou « les jeunes » dans la filière et autant le faire avec l’exemple ! « Adrien a 26 ans et Sarah 31 ans, et tou.te.s les mentor.e.s ont entre 31 et 40 ans. C’est important, la transmission c’est un relais, ça se fait de manière progressive, et cet écart d’âge permet notamment de remettre l’écoute au centre de l’échange. », a expliqué Clara Pillet. L’occasion de parler un peu plus du mentorat : « Sarah, pourquoi as-tu accepté d’être mentore, et quel bilan faîtes-vous ensemble de cette année ? »
« Quand j’ai entendu parler de l’initiative, j’ai demandé à postuler avec une dérogation, car j’avais 6 mois de trop ! », a expliqué Sarah Battegay. « Emily a refusé et m’a proposé d’être mentore. C’était très touchant comme proposition. Ayant monté un organisme de formations, Formassimo, la transmission est quelque chose auquel je pense et je tiens. Le mentorat, dans cette dimension, est très particulier : on ne se connaît pas, nous sommes nommé.e.s ensemble et nous devons tisser une relation. » Pendant cette année de mentorat, Sarah Battegay et ses deux mentoré.e.s Adrien Sanchez Infante et Ouafa Mameche sont ainsi chacun allé.e.s découvrir l’univers de l’autre, sur place.
Adrien Sanchez infante a également évoqué les relations entre les talents : « Les moments de rencontres réguliers, à Paris et en régions permettent également d’échanger entre lauréat.e.s, #30demoinsde30, mentor.e.s, juré.e.s… On ne se connaissait pas, et aujourd’hui, nous sommes capables de nous retrouver et d’interagir ensemble sur des salons comme les BIS. Et avec notre mentore, nous approfondissons un peu plus la relation chaque jour ainsi que le travail que l’on peut mener ensemble. »
Sarah Battegay est revenue sur cette notion de réseau : « Ce n’est pas une relation exclusive. La mise en réseau de La Nouvelle Onde, c’est aussi du transversal entre les promotions. D’ailleurs, c’est un appel aux professionnel.le.s, prêt.e.s à s’investir sur ces questions : on ne peut pas penser une filière sans la transmission et ces jeunes professionnel.le.s ne demandent que ça. Ils et elles sont très ouvert.e.s et en ont besoin, tout en étant doté.e.s d’une humilité et d’une capacité à s’investir incroyables. » D’ailleurs pour Adrien Sanchez Infante, ce réseau est « aussi un moyen de prendre du recul : on partage avec des personnes qui font la même chose que nous et qui peuvent nous éclairer sur des pratiques pour gagner du temps, gagner en maturité et éviter certaines erreurs. »
Un an et demi après leur rencontre, que reste-t-il de la relation entre Sarah Battegay, Adrien Sanchez Infante et Ouafa Mameche ? « Au quotidien, on échange régulièrement sur nos bonnes nouvelles ou des difficultés. Et au sein de La Nouvelle Onde, on échange beaucoup sur des groupes Whatsapp. C’est très riche, on rigole et on partage des bonnes informations. Par exemple sur les BIS, je n’ai rien loupé : on gagne un temps fou via ce partage d’expériences ! », a expliqué Adrien Sanchez Infante.

Dans l’industrie musicale, la frontière entre le travail et la passion est très fine. Et pour tou.te.s s’imaginer à la retraite, en train d’organiser des petits concerts comme Jennifer Bouissou, #30demoinsde30 2018, il faut aussi que la santé physique, auditive et mentale suivent. Quelles sont les conditions pour durer dans la filière musique ?
« Une des spécificités de ces talents, c’est qu’il y a beaucoup d’entrepeneur.e.s et de freelances. Ça veut dire qu’ils/elles sont souvent seul.e.s et n’ont pas d’encadrement bienveillant pour leur dire de faire attention à eux/elles. La Nouvelle Onde, avec des partenariats avec CURA Collectif et AGI-SON, prend également en compte ces questions, indispensables pour durer dans le métier. », a expliqué Sarah Battegay. Au sein de ses équipes, elle a notamment fait appel à une ergonome, et elle insiste sur le dialogue entre les équipes pour évoquer l’équilibre vie privée/vie professionnelle, les horaires, le weekend… « Un des intérêts de vieillir, c’est aussi de mieux se connaître et d’être plus attentif à soi et aux autres ! »
Pour Adrien Sanchez Infante, « tant qu’il y a de l’humain et du respect, ça peut durer des années. La musique est un vecteur qui permet de rassembler tout le monde, quelles que soient la catégorie sociale, la couleur de peau, les origines, etc. Et toutes les associations ou les entrepreneur.e.s qui lancent des choses, c’est pour des personnes qui en valent le coup. S’il n’y avait pas cette dimension humaine, on ne le ferait pas. »