“Vivre, c’était vieillir, rien de plus.” – Simone de Beauvoir
Université / University
Institut d’études politiques de Grenoble, Master 1 et 2 Direction de projets culturels
Mémoire / Research paper
« Saint-Etienne, du déclin industriel à la ville créative de design » (2014) / « Les cultures libres et l’éducation populaire au regard des droits culturels » (2016)
Poste actuel / Current position
Chargée de mission accompagnement à Grand Bureau, réseau de musiques actuelles en Auvergne-Rhône-Alpes / Co-fondatrice et présidente de Sidi&co, organisation d’évènements et booking / Co-fondatrice et secrétaire de Oh Plateau, festival de musiques indépendantes en Ardèche
Music is life and life is music : 3 chansons/œuvres musicales marquantes personnellement ?
Parce que ça me rappelle mon adolescence, ma mère, mon petit frère, ma petite soeur, avec qui j’ai chanté ce refrain des centaines de fois dans la voiture… C’était pas une période facile pour nous mais il y avait toujours de la joie et de l’amour, Skyrock en a été la bande-son.
Marvin Gaye et Tammi Terrell – “Ain’t No Mountain High Enough”
Parce que c’est une ode à l’amour inconditionnel, l’hymne presque religieux et transcendental de deux relations fondatrices pour moi : ma meilleure amie d’enfance et mon premier grand amour.
Beyoncé & Chinamanda Ngozi Adichie – “***Flawless”
Parce que c’est la chanson que j’ai écouté juste avant mon entretien d’embauche à Grand Bureau : une bonne dose d’énergie, de féminisme et de R’n’B qui me donne le sentiment que rien n’est impossible.
Ticket gagnant : quel a été le moment déterminant pour mettre le pied à l’étrier dans ce milieu ?
Quand on a eu l’idée du « Hammam Disco » avec mes ami.e.s, sur le toit d’un immeuble, une nuit d’automne dans la médina de Tanger. De cette idée un peu folle d’écouter de la musique électro-orientale en faisant un hammam est née un collectif, Sidi&co, qui s’est professionnalisé et qui a évolué au fil des projets et des années. C’est là que j’ai fait mes premières armes d’administratrice, que j’ai éprouvé ma capacité à travailler en collectif, et que j’ai pu développer ma créativité.
Recommandation de spectacle/concert à voir absolument pour quelqu’un qui ne sort jamais ?
Le concert de Catastrophe ! Énergie collective et communicative, mélange des genres, humour, poésie, parole engagée, tout y est !
Qu’est-ce qui vous a pris de vouloir travailler dans la musique?
Bonne question ! Ce n’était pas vraiment réfléchi, j’ai fait des études plutôt généralistes sur les politiques culturelles, et je m’intéresse à beaucoup de choses, comme l’économie sociale et solidaire, l’urbanisme, l’éducation populaire, la politique… Ce sont davantage les projets associatifs que j’ai monté avec mes ami.e.s, par passion et par plaisir au départ, qui m’ont amenée petit à petit à me spécialiser dans la musique, ou plutôt à mettre tous ces intérêts au service de la musique.
Vous rencontrez des aliens: les 10 titres / œuvres à leur faire découvrir ?
Nina Simone – “Feeling Good”
Idles – “Mother”
Terrenoire – “La Nuit des Parachutes”
Tryphème – “Acid Dream”
Octave One – “Black Water”
Jocelyn Brown – “Somedy Else’s Guy”
Sly & The Family Stone – “If You Want Me to Stay”
Donna Summer – “Bad Girls”
113 – “Tonton du Bled”
Aya Nakamura – “Pompom”
SRSLY (sérieusement) : les enjeux de votre métier dans les 5 prochaines années ?
Si je prends ma casquette de chargée de mission accompagnement à Grand Bureau, je dirais que l’accompagnement est un mot très à la mode, parfois vidé de son sens car utilisé à tort et à travers, est que l’enjeu principal pour moi aujourd’hui c’est la question du sens. Qu’est ce que ça signifie en général ? Dans le monde de la musique en particulier ?
Selon moi, il est indispensable que tous les professionnel.le.s, artistes, technicien.ne.s, gestionnaires et entrepreneur.se.s, puissent être accompagné.e.s dans leur parcours, en fonction de leur besoins. L’enjeu de mon métier est donc de rendre visible ce qui existe déjà comme offre d’accompagnement, d’identifier là où il y a des manques et tenter de les combler, puis orienter les gens vers les bonnes portes.
Pour finir, ce qui sera primordial dans les 5 prochaines années sera de développer un accompagnement qui vise à beaucoup plus de diversité dans notre secteur, en travaillant notamment sur les personnes qui rencontrent des barrières à l’entrée ou un plafond de verre lorsqu’il s’agit d’évoluer (jeunes, femmes…).
Y a-t-il une vie après la musique et à quoi la vôtre ressemblerait-elle?
Bien sûr et je l’espère ! Je pense que la transmission, la pédagogie, l’accompagnement, resteraient centraux, mais pourraient tout à fait s’appliquer à d’autres domaines qui m’intéressent : l’écologie, l’égalité femmes-hommes, l’insertion sociale, etc. Je me vois bien aussi travailler avec des enfants un jour, peut-être sur toutes ces questions-là d’ailleurs !
Autre chose à rajouter ?
Une autre citation de Simone de Beauvoir, parce que j’arrivais pas à choisir et que celle-ci est criante d’actualité :
“N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.”
…And now, in English…
3 songs/musical works that have been important in your life and why ?
Because it reminds me when I was a teenager, we sang this chorus hundreds times with my mother, my little brother and my little sister… It was not an easy time for us but there was always love and joy, and Skyrock was the soundtrack of this period.
Marvin Gaye et Tammi Terrell – “Ain’t No Mountain High Enough”
Because it’s an ode to uncontional love, the hymn almost religious of two founding relationships for me : my best friend and my first big love.
Beyoncé & Chinamanda Ngozi Adichie – “***Flawless”
Because it’s the song I listened to just before my job interview for “Grand Bureau” : a lot of energy, feminism and R’n’B which make me feel like nothing is impossible.
Golden Ticket moment : when did you get your big break ?
Few years ago, we were on a rooftop in Tanger with my friends and we had this crazy idea : to organize a concert of arabic-electronic music inside a hammam. From this idea we created a collective, Sidi&co, which has grown over the years. Thanks to this collective experience, I learned management, team work, creativity.
The show/gig you recommend for someone who has rarely ever goes out?
Catastrophe’s concert ! A collective and catching energy, a mix of styles, humor, poetry, politically-aware songs, you have everything !
Why on earth did you want to work in music?
Good question ! It wasn’t really planed. I studied cultural policies, and I have a lot of interests as social economy, urbanism, education, politics…It was rather my personal projects, that I set up with friends with passion and pleasure , which led me to specialize in music, or rather to dedicate all these interests to music.
You meet aliens : which 10 tracks do they need to hear ?
Nina Simone – “Feeling Good”
Idles – “Mother”
Terrenoire – “La Nuit des Parachutes”
Tryphème – “Acid Dream”
Octave One – “Black Water”
Jocelyn Brown – “Somedy Else’s Guy”
Sly & The Family Stone – “If You Want Me to Stay”
Donna Summer – “Bad Girls”
113 – “Tonton du Bled”
Aya Nakamura – “Pompom”
SRSLY (seriously) : what are the stakes of your job within the next 5 years ?
If I put my « Grand Bureau » hat, I would say that today « support » is a very fashionable word, sometimes devoid of meaning because used indiscriminately, and the main issue for me is the meaning. What does that mean in general? In the world of music in particular? In my opinion, it is essential for all professionals, artists, technicians, managers and entrepreneurs, to be supported in their career, according to their needs. The challenge of my job is to make visible what already exists, to identify where there are gaps and to try to fill them, then to guide people to the right doors. Finally, what will be essential in the next 5 years will be to develop support systems which lead to more diversity in our field, by working in particular on the people who meet barriers (young people, women …).
Is there life after music, and what would yours be ?
Of course and I hope so ! I think that transmission, pedagogy, support, would remain central, but could be used to serve other fields : green movement, gender equality, social integration… I would like to work with children one day, perhaps on all these issues !
3 réflexions sur “30 de moins de 30 ans – Claudia Courtial”