30 de moins de 30 2021 : Anna Cremon

« Vous n’avez aucune chance, alors saisissez-là » – A. Schopenhauer

Université / University

Licence 3 droit spécialité droit public – Collège supérieur de droit, Université Toulouse 1 Capitole
Master 2 Professionnel Action culturelle et gestion de projet spécialité arts du spectacle

Law degree specializing in public law droit public – Université Toulouse 1 Capitole
Master 2 Professional Cultural Action and Project Management, specializing in the performing arts

Poste actuel / Current position

Chargée de médiation culturelle et juridique – Arts et Musique en Provence / Conseillère en production et édition musicale – Label Plugin Records / Responsable pôle Education Artistique et Culturelle – Music Declares Emergency France / Présidente – Coco Swing Marseille

In charge of cultural and legal mediation – Arts et Musique en Provence / Music production and publishing consultant – Label Plugin Records / Head of Artistic and Cultural Education – Music Declares Emergency France / President – Coco Swing Marseille

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Music is life and life is music : 3 chansons/œuvres musicales marquantes personnellement ?

“Sultan of Swing” – Dire Straits

Ça aurait pu être une chanson de Bob Dylan, des Rolling Stones ou même de Léo Ferré, c’est en tout cas toute mon enfance: bercée par la musique qui résonnait souvent à la maison et qui a fait que j’aime autant la musique aujourd’hui.

Jigsaw falling into place” – Radiohead

Ce groupe c’est le symbole de mon “émancipation musicale”, ma première découverte et disons, ma première affirmation musicale.

La llorana” – Chavela Vargas

Les mexicains disent que cette chanson est l’âme du Mexique “Yo soy como el chile verde, picante pero sabroso” (Je suis comme le piment vert, picant mais savoureux). J’ai vécu environ 8 mois au Mexique pour mon stage de fin d’étude, ça a été une experience incroyable qui fait partie de moi en tant que personne mais aussi en tant que professionnel.

Ticket gagnant : quel a été le moment déterminant pour mettre le pied à l’étrier dans ce milieu ?

C’est un enchaînement d’expériences, de mon éducation très tournée vers les arts; petite je faisais de la danse, du dessin et de la musique et j’ai eu la chance que mes parents m’amènent à des concerts, des spectacles, voir des expositions etc. Donc j’ai naturellement continué toute seule, j’ai aussi travaillé dans un théâtre pendant ma terminale, ensuite j’ai enchainé le bénévolat dans des festivals, des salles de concerts. Mais l’expérience la plus déterminant a été ma troisième année de fac où j’ai intégré une association culturelle étudiante à Toulouse, Aparté. Il y avait trois pôles, un d’évènements dominicaux, un de rédaction d’un journal en ligne et un d’organisation du festival Les Croisées Créatives. J’étais dans ce dernier et j’y ai donc organisé mon premier festival avec une super équipe. C’est un festival pluridisciplinaire et principalement pour les étudiants et toute cette année avec la réalisation du festival m’ont fait me dire : ok c’est ça que je veux faire. J’ai donc postulé l’année d’après à des masters de gestion projets culturels et c’était partie !

Recommandation de spectacle/concert à voir absolument pour quelqu’un qui ne sort jamais ?

En tant que spectatrice, je suis plus attachée à des lieux dont j’aime la ligne de programmation qu’à des spectacles ou groupes. J’aime la culture souterraine, l’émergence, les découvertes et les lieux qui permettent des spectacles et concerts plus intimistes.
Des lieux qui sont aussi un endroit de passage et de rencontre et qui contribuent à ce que la culture soit vectrice de lien social parce que c’est ce qu’elle est par essence. J’aurai mille recommandations mais je préfère recommander à quelqu’un qui ne sort jamais de se balader dans son quartier et de pousser la porte de la salle de concert du coin ou du théâtre au bout de la rue. Je suis sûr qu’il y fera tout seul de merveilleuses découvertes. Et après deux ans de pandémies, les lieux de cultures ont en retour grandement besoin que les spectateurs soient le plus curieux possibles de leurs propositions.

Qu’est-ce qui vous a pris de vouloir travailler dans la musique?

Il y a quelque chose de fascinant dans la musique, elle peut se vivre de différentes manières. En live où on est tout entier là pour elle, pour écouter, voir pour danser. Elle peut nous rendre mélancolique, triste, joyeux ou encore très festif. Mais on peut aussi l’écouter enregistrée et dans ce cas elle peut nous accompagner partout. D’ailleurs elle a ce pouvoir-là de nous accompagner dans toutes les étapes de notre vie. Une seule chanson peut nous ramener à un souvenir très précis et peut nous envahir d’une émotion, quelle qu’elle soit ; une musique peut être une madeleine de Proust. De tous les arts je crois que c’est elle qui a le plus ce pouvoir. Tout comme elle a le pouvoir du métissage, du partage, de l’inclusion, de la tradition comme de la fusion d’originalités, elle est le support et le lien parfait de la pluridisciplinarité. Ça me rend fière d’œuvrer à son développement.

Vous rencontrez des aliens: les 10 titres / œuvres à leur faire découvrir ?

>> Ecouter la playlist <<

“After Laughter” – Wendy Rene
“Sympathy for the Devil”– The Rolling Stones
“Cherry Bomb” – The Runaways
“Piano’s on the Beach” – Jacques Renault
“Opposite People” – Fela Kuti 
“The Safety Dance (Extended Club Mix)” – Men Without Hats
“Pendant que les champs brulent” – Niagara
“Discoteca” – Exchpoptrue
“Sultan” – Random Recipe
“August 10” – Khruangbin

SRSLY (sérieusement) : les enjeux de votre métier dans les 5 prochaines années ?

Comme dans tous les secteurs, je pense qu’il y a des enjeux sociaux et sociétaux très important dans les prochaines années.

Dans le secteur de la musique je dirais que ça passe par le soutien à l’émergence. Nous avons la chance d’être dans un pays (voir le seul pays) où la culture est subventionnée, avec un statut (bien que précaire) pour les artistes intermittents. Mais notre secteur n’échappe pas au malmenage des acquis sociaux, à la répartititon inégale des richesses qui se creuse toujours plus par concentration de celles-ci dans les mains de quelques-uns. Il n’échappe pas non plus à l’inégalité homme-femme et la sous-représentation des artistes et techniciennes, aux violences sexistes et sexuelles qui existent à tous les stades de la production musicale, aux reconvertions en masse après cette pandémie de professionnels quittant ce milieu exigeant et parfois décourageant. Les labels et structures indépendantes qui se battent quotidiennement pour être visibles, entendus alors qu’ils sont les seuls garants de la diversité et donc de “l’exception culturelle française”. Ces mêmes structures qui peinent à pérenniser les salariés permanents de leurs équipes mais à qui on demande de remplir toujours plus d’obligations administratives. (Promis j’adore mon métier, c’est bien pour ça que je me permets de soulever ses défauts, je sais que nous pouvons y remédier collectivement.) Beaucoup d’enjeux donc ces 5 prochaines années pour équilibrer le secteur et préserver la création mais surtout la diversité des propositions et le bien être des acteurs qui font le spectacle vivant.

Enfin, je ne peux pas parler d’enjeux du secteur sans parler de transition écologique dans les pratiques de la musique.  Personnellement engagée au sein de Music Declares Emergency France pour réunir et sensibiliser les acteurs de la filière à cette question, je suis intimement convaincu que nous devons agir globalement sur l’urgence environnementale dans laquelle nous sommes. Et je suis intimement convaincu que le secteur de la musique peut participer à cet enjeu sociétal majeur : à son échelle dans ses pratiques professionnelles quotidiennes et à grande échelle grâce par la portée de créations portées par des artistes engagés qui peuvent, mieux et plus que d’autres, sensibiliser le public à ces questions. Notamment en  relayant des données scientifiques ou des pratiques alternatives éco-responsables.

L’enjeux de notre secteur dans les 5 prochaines années et non seulement d’être porteur de ce message, mais aussi de devenir un véritable acteur de la transition écologique.

Y a-t-il une vie après la musique et à quoi la vôtre ressemblerait-elle?

Sur le papier il y mille métiers qui pourraient me convenir. Mais pourraient-ils me convenir aussi bien et aussi longtemps que celui-ci ? J’irai certainement tenter d’autres choses : peut-être dans d’autres disciplines, d’autres territoires notamment des territoires ruraux, des métiers d’artisanat ou des projets qui regroupent tout ça. Je ne suis pas sûr qu’une vie ou que la profession qu’on exerce soit figée. On peut s’en éloigner et y revenir, enrichie d’autres expériences. Je n’ai pas vraiment de réponse à cette question donc. En tout cas si professionnellement j’envisage une vie après la musique, je ne l’envisage pas personnellement. Ça fait trop partie de mon quotidien, de mes habitudes de sorties, de mes activités (je pratique la danse, très liée à la musique) et donc de ce qui me permet de trouver mon équilibre et de m’épanouir.

Autre chose à rajouter ?

Une nouvelle maxime pour la route:  “No music on a dead planet”

…And now, in English…

3 songs/musical works that have been important in your life and why ?

“Sultan of Swing” – Dire Straits

It could have been a Bob Dylan song, a Rolling Stones song or even a Léo Ferré song, it’s anyway my whole childhood: rocked by the music that often resounded at home and that made me love music so much today.

Jigsaw falling into place” – Radiohead

This band is the symbol of my “musical emancipation”, my first discovery and let’s say, my first musical affirmation. 

La llorana” – Chavela Vargas

Mexicans say that this song is the soul of Mexico “Yo soy como el chile verde, picante pero sabroso” (I am like the green chili pepper, sharp but tasty). I lived in Mexico for about 8 months for my internship, it was an incredible experience that is part of me as a person but also as a professional.

Golden Ticket moment : when did you get your big break ?

It’s a combination of experiences, my education very much focused on the arts; as a child I did dance, drawing and music and I was lucky that my parents took me to concerts, shows, exhibitions etc. So naturally, I continued on my own, I also worked in a theater during my senior year, then I volunteered in festivals, concert halls. But the most determining experience was my third year of university where I joined a student cultural association in Toulouse, Aparté. There were three activity poles, one for Sunday events, one for writing an online newspaper and one for organizing the festival Les Croisées Créatives. I was in the latter and I organized my first festival with a great team. It is a multidisciplinary festival and mainly for students and all this year with the realization of the festival made me say to myself: ok this is what I want to do. So the following year I applied for a masters in cultural project management and that was it!

The show/gig you recommend for someone who has rarely ever goes out?

As a spectator, I am more attached to places whose programming line I like than to shows or groups. I like the underground culture, the emergence, the discoveries and the places that allow more intimate shows and concerts. 

Places that are also a place of passage and meeting and that contribute to culture being a vector of social link because that is what it is by essence. I would have a thousand recommendations, but I prefer to recommend to someone who never goes out to walk in his neighborhood and push the door of the concert hall on the corner or the theater at the end of the street. I’m sure they’ll make wonderful discoveries on their own. And after two years of pandemics, cultural venues in turn greatly need audiences to be as curious as possible about their offerings.

Why on earth did you want to work in music?

There is something fascinating about music, it can be experienced in different ways. Live, where we are all there for it, to listen, or even to dance. It can make us melancholic, sad, joyful or even very festive. But we can also listen to it recorded and in this case it can accompany us everywhere. Moreover it has this power to accompany us in all the stages of our life. A single song can bring us back to a very precise memory and can invade us with an emotion, whatever it is; a music can be a madeleine of Proust. Of all arts, I believe Music has the most this power. Just as it has the power of crossbreeding, sharing, inclusion, of tradition as well as fusion of originalities, it is the perfect medium and link for multidisciplinarity. It makes me proud to work for its development. 

You meet aliens : which 10 tracks do they need to hear ?

>> Ecouter la playlist <<

“After Laughter” – Wendy Rene
“Sympathy for the Devil”– The Rolling Stones
“Cherry Bomb” – The Runaways
“Piano’s on the Beach” – Jacques Renault
“Opposite People” – Fela Kuti 
“The Safety Dance (Extended Club Mix)” – Men Without Hats
“Pendant que les champs brulent” – Niagara
“Discoteca” – Exchpoptrue
“Sultan” – Random Recipe
“August 10” – Khruangbin

SRSLY (seriously) : what are the stakes of your job within the next 5 years ?

As in all sectors, I think that there are very important social and societal issues in the coming years.

In the music industry, I would say that it goes through the support to the emergence. We are lucky to be in a country (or the only country) where culture is subsidized, with a status (although precarious) for intermittent artists. But our sector does not escape the abuse of social benefits, the unequal distribution of wealth that is growing by concentration in the hands of a few. It does not escape either the inequality between men and women and the under-representation of female artists and technicians, the sexist and sexual violence that exists at all stages of the musical production, the mass reconvertions after this pandemic of professionals leaving this demanding and sometimes discouraging environment. The independent labels and structures that fight daily to be visible, to be heard, while they are the only guarantors of diversity and therefore of the “French cultural exception”. These same structures that struggle to sustain their permanent employees but are asked to fulfill more and more administrative obligations. (I promise I love my job, that’s why I’m taking the liberty of pointing out its shortcomings, I know we can remedy them collectively). So, there are a lot of issues at stake in the next 5 years to balance the sector and preserve the creation but above all the diversity of the proposals and the well-being of the actors who make the live show.

Finally, I can’t talk about the sector’s challenges without talking about the ecological transition in music practices.  Personally involved in Music Declares Emergency France to bring together and raise awareness of this issue among the professionals in the sector, I am firmly convinced that we must act globally on the environmental emergency in which we find ourselves. And I am deeply convinced that the music sector can participate in this major societal issue: on its own scale in its daily professional practices and on a large scale through the scope of creations carried by committed artists who can, better and more than others, raise public awareness of these issues. In particular by relaying scientific data or alternative eco-responsible practices.

The challenge for our sector in the next 5 years is not only to carry this message, but also to become a real actor of the ecological transition.

Is there life after music, and what would yours be ?

In fact, there are a thousand jobs that could suit me. But could they suit me as well and as long as this one? I will certainly try other things: perhaps in other disciplines, other territories, especially rural territories, crafts or projects that combine all that. I am not sure that a life or a profession is fixed. You can move away from it and come back to it, enriched by other experiences. So I don’t really have an answer to that question. In any case if professionally I consider a life after music, I don’t consider it personally. It’s too much part of my daily life, of my going out habits, of my activities (I practice dance, very much linked to music) and therefore of what allows me to find my balance and to bloom.

Anything else to add ?

A new maxim for the road: “ No music on a dead planet ”

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