30 de moins de 30 2020 : Camille Mathon

« If I can’t dance I don’t want to be in your revolution. » – Emma Goldman

Université / University

Sciences Po Toulouse – Parcours « Politique Discriminations Genre » / Sciences Po Toulouse – “Politics Discriminations and Gender Issues”

Mémoire / Research paper

« La masturbation dans la pop music au prisme du genre » sous la direction de Sylvie Chaperon / Master thesis “Masturbation & pop music : a gender issue” supervised by Sylvie Chaperon

Poste actuel / Current position

Directrice artistique, La Petite – Chargée de communication et de projets égalité, MA Sphère / Art director, La Petite – Gender equality project manager & head of communication, MA Sphère

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Music is life and life is music : 3 chansons/œuvres musicales marquantes personnellement ?

“Wild World” – Cat Stevens

J’ai découvert cette chanson en pleine adolescence avec la reprise de Skins et ça a été ma chanson préférée pendant longtemps ! Elle était sur le premier vinyle de ma collection et je l’écoute encore avec beaucoup de mélancolie.

The End” – The Doors

Les Doors passaient souvent chez mes parents et ont bercé mon enfance & adolescence. Je dois largement à mon père mon goût prononcé pour la musique et la lecture ! 

“Away From Prying Eyes” – Tryphème

Il faut choisir un morceau mais ce que je voudrais mettre c’est un live de Tryphème ! Je l’ai programmée deux fois en 2019 : une première fois au Museum de Toulouse et une seconde fois à l’ambassade de France de Copenhague. C’était incroyable. Ça reste un de mes meilleurs souvenirs en tant que DA de la voir monter sur le desk et hypnotiser le public. C’est une reine et finalement elle marque un peu le début de ma carrière.

Ticket gagnant : quel a été le moment déterminant pour mettre le pied à l’étrier dans ce milieu ?

Il y a eu plusieurs moments déterminants donc je vais en citer 3 (sorry) :

– Quand on m’a proposé et que j’ai accepté de prendre la présidence d’Aparté, une association étudiante où j’ai été impliquée pendant 2 ans et où j’ai appris milles trucs ! On organisait une dizaine d’événements artistiques par an et on tenait un webzine, il y avait une quarantaine de bénévoles à l’époque. C’était mon premier pas dans le secteur culturel et j’ai adoré.

– Ma rencontre avec La Petite ! C’était grâce à Aparté : on a organisé une fête dominicale en co-prod, ça a matché avec le DA de l’époque Robin Plusquellec, j’ai fait mon stage de fin d’études à La Petite et quand il est parti il m’a proposé son poste.

– La première soirée que j’ai organisée vraiment comme je voulais avec La Petite. C’était au Muséum de Toulouse le 7 février 2019, j’ai invité Flore et Tryphème et c’était magique. Je me suis vraiment dit « ah oui c’est ouf, c’est ça que je veux faire ». Je me suis sentie hyper fière et à ma place et ça c’est vraiment précieux je crois.

Recommandation de spectacle/concert à voir absolument pour quelqu’un qui ne sort jamais ?

Mon meilleur souvenir de concert : Olafur Arnalds à La Halle aux Grains, organisé par Regarts. Ce show a mis tout le monde d’accord, c’était merveilleux. Je pense que c’est adapté à tous les âges et tous les goûts musicaux, c’est à la fois très pointu et totalement rassembleur. (Oui, j’ai pleuré.)

Qu’est-ce qui vous a pris de vouloir travailler dans la musique?

Je n’ai pas fait exprès ! J’ai fait des études sur le genre et les discriminations et je pensais plus devenir féministe professionnelle ! En fait après mon diplôme j’ai cherché du travail à la fois dans l’égalité des genres (dans des associations, des institutions, dans le service « diversité » des grandes entreprises…) et dans la culture (où j’avais un petit réseau grâce à mes engagements bénévoles) et c’est plutôt la musique qui m’a accueillie. Mon poste actuel, on me l’a proposé et je ne me suis rendue compte qu’une fois que j’y étais que c’était le job de mes rêves. Je n’aurais jamais osé candidater, je me sentais trop loin.

Au bout de trois ans je m’y sens confortablement installée et je réalise la chance immense que j’ai. On exerce certes des jobs peu reconnus, mal payés, hyper prenants, incertains… mais quel bonheur de participer à faire vivre la musique. Quelle joie de voir danser des gens dans un lieu qu’on a sélectionné et devant des artistes qu’on a choisi·es.

Vous rencontrez des aliens: les 10 titres / œuvres à leur faire découvrir ?

>> Ecouter la playlist <<

“Numb” – Andy Stott
“Below the Clavicle” – Eartheater
“Tour de France” – Kraftwerk
“It’s Okay to Cry” – Sophie
“Dislocation of the Alpha” – Aïsha Devi
“Desafio” – Arca
“you should see me in a crown” – LSDXOXO (introuvable sur Spotify donc c’est un bonus !)
“Discoteca” – Ascendant vierge
“Antibodies” – Poni Hoax
“Pookie” – Aya Nakamura
“Shine on you crazy diamonds” – Pink Floyd

(j’espère que les aliens auront le temps d’en écouter d’autres !)

SRSLY (sérieusement) : les enjeux de votre métier dans les 5 prochaines années ?

La reprise post-covid met tout le reste un peu de côté j’ai l’impression ! J’ai peur que beaucoup d’acteur·rices ne résistent pas et quittent la scène, et qu’on se retrouve avec un paysage culturel encore moins diversifié qu’avant où seulement les plus gros auront survécu. Ce serait terrible. Donc vraiment énorme enjeu : survivre.

Et pour les survivant·es je dirais les mêmes enjeux que l’ensemble de la société : faire face à la catastrophe écologique en cours en changeant nos pratiques et en étant plus solidaires et plus inclusif·ves.

Ce sont des transformations qui semblent évidentes et nécessaires depuis longtemps et pourtant on continue de voir des festivals rassembler des centaines de milliers de spectateur·rices, des artistes faire le tour du monde en une semaine, des plateaux 100% hommes cisgenres blancs… L’industrie musicale est très innovante sur des tas de sujets mais à mon sens en termes écologiques et sociétaux il est plus que temps de passer à l’action.

Y a-t-il une vie après la musique et à quoi la vôtre ressemblerait-elle?

Après la musique non, car la musique sera là jusqu’à la fin, de manière professionnelle ou non ! Je n’ai pas prévu de partir tout de suite de l’industrie mais si ce jour arrive ce sera sans doute pour rester dans une forme de militantisme – féministe, anti-raciste, écologiste. J’ai l’activisme bien ancré. Ou alors je vais faire un burn out militant et m’installer à la campagne pour faire pousser des fraises et faire des bols en céramique, c’est possible aussi.

Autre chose à rajouter ?

Merci La Nouvelle Onde ! Et gros bisou à toutes les personnes sans qui je ne serais pas là aujourd’hui et qui se reconnaitront. C’est cliché mais une carrière ça se construit collectivement et j’ai pioché la bonne équipe.

(en particulier : Eugénie, Léa et Pierre d’Aparté ; Robin, Laure, Anne-Lise et Johan de La Petite et Yasmine de MA Sphère)

…And now, in English…

3 songs/musical works that have been important in your life and why ?

“Wild World” – Cat Stevens

I discovered this song as a teenager thanks to Skins and it was my favorite song for a long time ! It was on the firts vinyl I got and I still remember the lyrics perfectly.

The End” – The Doors

The Doors were often playing at my parents’ while I was a kid and a teenager. My dad is the reason why I love music and books so much! 

“Away From Prying Eyes” – Tryphème

I have to choose a track but really I’d like to pick an entire live from Tryphème. I booked her twice in 2019 : the first time at the Toulouse Natural History Museum and the second time at the French Embassy in Copenhagen. It was amazing. It’s still one of my best memories as an art director : seeing her climb on the desk and hypnotize the audience. She’s a queen ! And actually she kind of marked the beginning of my career.

Golden Ticket moment : when did you get your big break ?

I got many golden tickets so I’m choosing three of them (sorry !) :

When I was offered (and I accepted) to be Aparté’s president. Aparté is a student organization where I volunteered for 2 years, along with 40 other young people. I learned so much !! We were planning about 10 artistic events per year and running a webzine. It was my first experience in the cultural industry and I loved it.

When I met with La Petite ! I was the head of Aparté and we organized a Sunday party together with La Petite. Robin (the ex art director) and I worked well together so he offered me an internship at La Petite and when he quit he offered me his job. I owe him and the whole team a lot.

When I organized my first « real » party with La Petite. It was on February 7th 2019 at the Toulouse Museum. I invited Flore and Tryphème and it was magical ! I thought « that’s amazing this is what I want to do ». I felt super proud and like I really belonged. I think this is extremely precious.

The show/gig you recommend for someone who has rarely ever goes out?

My best gig memory : Olafur Arnalds. I saw it at the Halle aux Grains in Toulouse. This show was fantastic and got everybody to agree. I think it can seduce a very large audience : it’s very ambitious and it totally gathers people together. (Yes, I confess, it made me cry.)

Why on earth did you want to work in music?

I didn’t mean to ! I studied gender issues and my plan was to become a professional feminist ! After I graduated I looked for a job both in the gender balance field (NGOs, big companies…) and in the cultural field (where I knew a few people thanks to my volunteering activities). The music industry was the one that welcomed me. I was offered my current job and I realized only once I got there that it was my dream job. I would have never dared to apply for, I thought I would never be able to do it.

After three years I feel very comfortable and I realize how lucky I am. We get very involved in our jobs and yet they aren’t socially appreciated,  we don’t get paid much, the future is unsure… but what a joy to be one of the people who make music happen. How amazing it is to watch people dance in a venue that I picked  in front of artists that I selected.

You meet aliens : which 10 tracks do they need to hear ?

>> Listen <<

“Numb” – Andy Stott
“Below the Clavicle” – Eartheater
“Tour de France” – Kraftwerk
“It’s Okay to Cry” – Sophie
“Dislocation of the Alpha” – Aïsha Devi
“Desafio” – Arca
“you should see me in a crown” – LSDXOXO
“Discoteca” – Ascendant vierge
“Antibodies” – Poni Hoax
“Pookie” – Aya Nakamura
“Shine on you crazy diamonds” – Pink Floyd

(I hope the aliens have time to listen to many more!)

SRSLY (seriously) : what are the stakes of your job within the next 5 years ?

I feel like the covid-19 crisis puts everything else aside. I’m afraid many won’t be able to survive it and will disappear. This would make our scene even less diverse with only the big ones still standing. This would be awful. So the true big goal : surviving.

For survivors I’d say that the stakes are the same as for the entire society : facing the environmental disaster by becoming more inclusive and more supportive.

Those transformations have seemed obvious and necessary to me for a long time and yet we keep seeing festivals draw hundreds of thousands of spectators, artists traveling around the world in one week, 100% white cis male line-ups… The music industry is very innovative in many aspects but I feel that when it comes to environmental and social challenges the time has come to take action.

Is there life after music, and what would yours be ?

Not after music, there will be music forever in my life, whether in a professional or a personnal way. I don’t plan on leaving the industry anytime soon but if this day comes I’ll probably still be some sort of activist – feminist, antiracist, ecologist. Activism is in my blood. Or maybe I’ll end up suffering burnout and settle down in the countryside. I’d grow strawberries in my backyard and make ceramic bowls.

Anything else to add ?

Thank you La Nouvelle Onde ! And shout out to all the people without whom I wouldn’t be here today. I know this sounds cliché but building a career is team work and I feel damn lucky with the team I got.

Une réflexion sur “30 de moins de 30 2020 : Camille Mathon

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