« Je crois que l’engagement, non pas seulement féministe, mais dans le siècle, dans la société, l’engagement à part entière permet peut-être de durer en meilleur état ».» – Gisèle Halimi
Université / University
Master Management des Organisations Culturelles, Université Paris-Dauphine / Master of Arts Management, Paris-Dauphine University
Mémoire / Research paper
Les lieux privés de diffusion des musiques actuelles à Paris / Music venues privately operated in Paris
Poste actuel / Current position
Consultante en administration de projets culturels / Chargée des projets internationaux, L’atelier des artistes en exil / Manager
Consultant in cultural project management International project manager at the agency of artists in exile / Artist manager
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Music is life and life is music : 3 chansons/œuvres musicales marquantes personnellement ?
« Diarabi » fait partie d’une compil qu’avait sorti le Courrier International en 98, on surfe encore sur la vague de la world music, étant gamine ces sonorités me fascinaient.
Le morceau qui m’a fait prendre conscience à l’âge de 15 ans qu’il y a des femmes dans la musique qui ne se laissent pas marcher dessus.
« Akhiyan Udeek Diyan » – Ustad Nusrat Fateh Ali Khan
Quelle claque, quelle leçon de regarder ces live des années 80 où le maître du qawwali transporte des spectateurs du monde entier en toute humilité.
Ticket gagnant : quel a été le moment déterminant pour mettre le pied à l’étrier dans ce milieu ?
Le premier moment déterminant, je pense que c’est un jour où j’étais en cours d’économie industrielle en licence. Je m’ennuyais ferme, le professeur m’a virée de la classe parce que je regardais par la fenêtre tout le long. Je me rappelle m’être dit en sortant : « j’arrête l’économie, je vais travailler dans la musique ». Je m’investissais déjà dans une asso qui organisait des concerts à la fac. Après ça, j’ai commencé un stage en salle de concerts et je n’ai jamais quitté le secteur musical.
Le deuxième : mon boss me fait écouter « Gole Yakh » de Kourosh Yaghmaei, légende oubliée des années 70. Je me rappelle avoir trouvé ça incroyable qu’un label américain réédite cet artiste iranien. Après des années à écouter essentiellement des productions européennes et américaines, cet album m’ouvre les yeux sur le travail de tout un pan de l’industrie musicale. Franchir les frontières par l’écoute musicale, sortir des catégories préconçues, voilà ce qui m’intéresse.
Recommandation de spectacle/concert à voir absolument pour quelqu’un qui ne sort jamais ?
Björk, parce que je n’ai moi-même jamais réussi à la voir après deux tentatives en 2015 (annulation de sa tournée française) et en 2020 (crise sanitaire). Je suis certaine que c’est magique ! Une artiste brute, sans compromis et à l’imagination infinie, que demander de plus sur scène.
Qu’est-ce qui vous a pris de vouloir travailler dans la musique?
J’ai eu la chance de prendre des cours de musique quand j’étais enfant, et aussi d’aller à des concerts très tôt (j’avais une salle juste en face de mon collège-lycée). J’ai très vite eu envie de savoir ce qui se passait derrière la scène. Et j’ai eu raison. Rien ne vaut l’adrénaline avant une ouverture des portes !
Vous rencontrez des aliens: les 10 titres / œuvres à leur faire découvrir ?
“Tartaqa” – Makimakkuk
“Malhomsh Aman” – Molotof feat. Wael Belal
“Yeanoh (Powe’hande Binga’dbe)” – Kondi band
“Yiri” – Nuri
“Ya Farhi W Sa3di” – Hassiba Amrouche
“Embawgo” – Erick Cosaque
“Kyenkyen Bi Adi M’awu” – K. Frimpong & His Cubanos Fiestas
“Burçak Tarlası” – Tülay German
(Bon j’ai triché il y a 8 titres)
SRSLY (sérieusement) : les enjeux de votre métier dans les 5 prochaines années ?
Dur à répondre, tant la crise sanitaire remet de choses en question dans nos manières de produire et diffuser la musique. En premier lieu : j’ai l’impression que pour beaucoup de nos hommes politiques et concitoyen·es, la musique est considérée comme accessoire, un « plus » festif, voire une nuisance (en témoigne l’interdiction de « diffuser de la musique amplifiée audible depuis la rue » en septembre). Il ne tient qu’à nous de continuer à monter des projets pour prouver que les lieux culturels sont des poumons essentiels à la vie de la cité.
Le deuxième enjeu qui me tient particulièrement à cœur : comment mettre en lumière la création musicale extra-européenne quand les frontières sont fermées ? Comment donner une voix à ces artistes lorsqu’ils ne peuvent plus se produire sur nos scènes, et comment ne pas céder au « repli sur soi » ? L’incroyable diversité de nos programmations dépend beaucoup des talents du monde entier, des artistes qui sont précarisés par l’arrêt des tournées et bénéficient rarement de soutien financier dans leurs pays…
Y a-t-il une vie après la musique et à quoi la vôtre ressemblerait-elle ?
Très franchement, et même si la conjoncture actuelle n’appelle pas à l’optimisme, je ne me vois pas travailler loin des scènes. J’aime bien travailler sur des projets pluridisciplinaires aussi. Et le fait de participer à des projets culturels avec un vrai volet social me motive beaucoup. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai rejoint l’atelier des artistes en exil, qui fournit à la fois un accompagnement artistique et social à ses membres.
Un dernier mot pour la fin ?
(Merci La Nouvelle Onde !)
…And now, in English…
3 songs/musical works that have been important in your life and why ?
Diarabi is part of a compilation released by the French media Courrier International in 98, at a time where world music was big. As a kid these sounds fascinated me.
This track made me realize at the age of 15 that there are powerful women out there in the music industry who wouldn’t let anyone walk over them.
« Akhiyan Udeek Diyan » – Ustad Nusrat Fateh Ali Khan
What a musical and humility lesson to watch this live performances of this master of qawwali, which literally carries away audiences worldwide.
Golden Ticket moment : when did you get your big break ?
The first « big break » came when I was kicked out of an Industrial economics class in my bachelor, for looking out the window bored as hell. I remember saying to myself : « I need to stop economics, I’m going to work in the music industry ». I was already an active member of a student association that organises concerts in my uni. Shortly after, I found an internship in a venue and I never quit the music industry.
The second one : my boss played « Gole Yakh » by the forgotten legend Kourosh Yaghmaei. I remember thinking it was amazing that an american record company would reedit this Iranian artist. After years spent listening to American and European productions, it opened my eyes on the work of a few passionate in the music industry. Crossing borders through a listening experience, and moving away for existing categories, is what motivates me.
The show/gig you recommend for someone who rarely ever goes out ?
Björk because I never had the chance to see her live myself, after two attempts in 2015 and 2020. I am convinced it is a magical performance ! A raw artist with an infinite imagination, who never compromises : what more could you want ?
Why on earth did you want to work in music?
I was lucky enough to take music classes as a kid, and also to attend concerts at an early age (there was a huge music venue in front of my school). Very quickly, I wanted to discover what’s behind the stage. And I was right to do so. Nothing beats the adrenaline you get before the doors open !
You meet aliens: which 10 tracks do they need to hear?
“Malhomsh Aman” – Molotof feat. Wael Belal
“Yeanoh (Powe’hande Binga’dbe)” – Kondi band
“Yiri” – Nuri
“Ya Farhi W Sa3di” – Hassiba Amrouche
“Embawgo” – Erick Cosaque
“Kyenkyen Bi Adi M’awu” – K. Frimpong & His Cubanos Fiestas
“Burçak Tarlası” – Tülay German
SRSLY (seriously): what are the stakes of your job within the next 5 years in your opinion ?
Tough question…The current health crisis is really questioning a lot of the ways we produce and broadcast music. First, I think that for a lot of our politicians and fellow citizens, music is considered as an accessory, a « plus » at best or worse, a disturbance (in France in September, they forbid to play amplified music audible from the streets to avoid gatherings). It is up to us to keep working on projects to proove that cultural spaces are vital spaces in the city.
The second issue at stake : how to showcase extra-european musical creation when our borders are closed ? How do we give a voice to these artists when they are unable to perform on our stages ? How do we fight against an inward-looking instinct ? The incredible diversity of our line ups in France relies on talents coming from everywhere in the world, and the crisis has thrown a lot of artists, who rarely benefit from financial support in their country, into a great insecurity.
Is there life after music, and what would yours be?
Honestly, I don’t see myself working away from stages, even though the current situation is terrible. I also like to work on multidisciplinary projects. And taking part in cultural projects with a strong social chapter really motivates me. This is why I joined the agency of artists in exile, which provides both artistic and social support to its members.
Anything else you’d like to add?
Thanks La Nouvelle Onde !
3 réflexions sur “#PrixLNO 2020 : Aura Burzynski – « J’explore »”